« LE PONT NOIR »

 

Article de Michel Bourassa

 

 

          Dans les années 1950 et début 1960, un endroit très populaire auprès des jeunes, surtout des garçons, était le « pont noir », lequel se situe toujours à la même place puisqu’il fait partie du réseau de la voie ferrée traversant la municipalité de Yamachiche. En effet, ce lieu extrêmement prisé par plusieurs se trouve en parallèle avec la rue Sainte-Anne et ce, à l’arrière des maisons de l’est du village, quelques dizaines de mètres à l’ouest du dépanneur Clair de lune; ce fameux petit pont du chemin de fer existe pour enjamber le ruisseau Langevin, lequel est au nord de la voie ferrée et en parallèle avec le boulevard Duchesne et lequel est séparé de celui-ci par des terres agricoles.

 

         Ce dit ruisseau Langevin, après avoir passé sous le « pont noir », continue son cours vers l’ouest sur une courte distance et revient vers le sud, à quelques mètres seulement du boulevard Duchesne, pour couler sous la rue Sainte-Anne et enfin, aller se jeter dans la Petite rivière Yamachiche, tout près du dépanneur « Vic ».  

 

         Pour aller au « pont noir », ainsi appelé par les jeunes de la « côte », dont je faisais partie, il fallait nous rendre à l’intersection du chemin de fer et du boulevard Duchesne et de là, marcher quelques centaines de mètres, vers l’est, sur les dormants entre les rails. Il fallait, autant que possible, connaître les heures de passage des trains, car nous avions parfois la surprise d’en voir surgir un, ce, avant notre arrivée à destination et la solution était très simple : nous enlever de la voie ferrée et descendre un peu plus bas, car le bruit était infernal, en plus de subir un bon vent occasionné par le déplacement de la lignée des cages du train; pour le bruit, c’était la même situation lorsque nous étions au ruisseau Langevin, en-dessous du pont.

 

        Pour les jeunes du « village », surtout ceux demeurant près du chemin de fer, il est à noter qu’ils nommaient ce site, le « pont de fer », et quelques-uns d’entre eux osaient même pêcher sur le pont, au printemps, capturant quelques barbottes, à l’occasion, car ce n’était pas l’endroit idéal pour une telle activité, avec un niveau d’eau acceptable beaucoup trop court, résultant rapidement à une mauvaise qualité de cette eau, permettant seulement aux alevins de survivre dans les filets d’eau de l’été. À cette période de l’année, nous y allions pour jouer sur les galets dans le ruisseau, sous le pont, et nous tentions d’attraper, avec nos mains, ces petits menés : vraiment pas facile!

 

       Pendant nos visites au « pont noir », il arrivait de temps à autre que nous n’étions absolument pas les bienvenus, car le long foin des abords du ruisseau Langevin était l’endroit parfait pour les jeunes amoureux en quête de tranquillité, ce qui n’était plus le cas lors d’une de nos arrivées à l’improviste! Il fallait voir le visage du garçon qui voulait nous voir disparaître au plus vite, ce que nous faisions parfois, mais pas toujours, tout dépendant du « gars » et de la façon qu’il s’adressait à nous : nous étions capables de le faire languir!

 

       En terminant, ce site nous a bien servi dans nos loisirs de jeunesse et il ne peut tout simplement pas être oublié de notre part.