OISEAUX HEURTÉS PAR UN VÉHICULE

 

Article de Michel Bourassa

 

 

         Particulièrement lors de la période printanière, on remarque des oiseaux morts sur nos routes et une des raisons de cet état de chose est due aux nombreuses poursuites amoureuses menant à la nidification; en effet, la Paruline jaune est l’une des espèces la plus heurtée par un véhicule lors de l’une de ces spectaculaires poursuites. Le Moineau domestique, le Chardonneret jaune et quelques espèces de bruants subissent aussi le même sort dans de telles circonstances.   

 

         Certaines espèces d’oiseaux sont plus susceptibles d’entrer en collision avec une auto lorsqu’elles donnent leurs premiers coups d’ailes et les Étourneaux sansonnets sont dans cette catégorie. Ces derniers sont aussi victimes, à l’occasion, d’un empoisonnement massif de Pigeons bisets qui est effectué par certaines meuneries, car ces étourneaux les côtoient continuellement; trop faibles pour voler correctement, certains de ces oiseaux noirs survivants se font tuer par un véhicule, tout comme plusieurs Moineaux domestiques, d’ailleurs : deux chances plutôt qu’une pour mourir!…

 

        Une espèce d’échassier qui se dirige directement vers la mort lorsqu’il prend son envol du fossé près d’une route pour la traverser tout en ayant le malheur de croiser un camion est le Grand Héron, car celui-ci est trop lent pour prendre les airs, dû surtout à sa grande envergure. L’oiseau le plus imprudent (pour ne pas dire stupide) est sûrement le Goéland à bec cerclé, lequel s’enlève du chemin à l’approche d’un camion lourd ou tout acabit semblable, pour aller faire un demi-cercle dans le champ et revenir tenter de se poser plus à l’avant, sur la voie publique; le terme est réellement « tenter » car, parfois, cette espèce de goéland se fait heurter pour assez souvent, mourir après l’impact. Le Goéland à bec cerclé n’a pas « l’intelligence » de la Corneille d’Amérique, laquelle se fait très rarement surprendre dans une collision avec un véhicule, malgré ses fréquentes présences sur le bitume.

 

         En hiver, les oiseaux les plus enclins à mourir sur le chemin enneigé ou glacé sont des Becs-croisés bifasciés et des Becs-croisés des sapins, lesquels doivent ingérés des grains de sable ou de sel et ce, pour leur digestion; des Gros-becs errants, des Durbecs des sapins et des Tarins des pins sont, occasionnellement, eux aussi des victimes circonstancielles. À cette période de l’année, des éperviers et des faucons, malgré leur grande vitesse pour attraper une proie en plein vol, parfois, se font happer dans la circulation routière, comme quoi, toutes les espèces sont en danger, à un moment ou l’autre de leur vie.

 

         Deux de ces collisions d’oiseaux ont été assez originales et je vous les livre.

 

         La première se produit lorsqu’un ancien citoyen de Yamachiche, en visite chez ses parents, retourne à son domicile, soit à Trois-Rivières. À la sortie de la municipalité yamachichoise, dans un début de tempête de neige où la poudrerie est de la partie, il voit une ombre traverser la route et dès la seconde suivante, il sent un objet toucher le devant de l’auto; tout en continuant sa route, il oublie cet incident, jugeant qu’un morceau de glace, ou quelque chose du genre, avait percuté le véhicule, sans plus. Arrivé à la maison, par curiosité, il regarde l’avant de l’auto pour y trouver un petit hibou coincé dans le grillage et à sa grande surprise, il est encore vivant! c’est une Petite Nyctale et elle a eu sûrement le temps de prendre l’air, pendant ce trajet assez long quand même. À tout événement, il se rend à la Société Protectrice des Animaux pour leur remettre et surtout, pour qu’elle se remette elle-même de cette folle aventure. Ça s’est passé dans les années 1980.

 

         Le second incident est un accident mortel concernant une auto et un spécimen aviaire, et survient dans le Parc de la Mauricie en 2007; c’est une Gélinotte huppée qui en est la victime. Constatant le décès de la perdrix, les occupants du véhicule, en route pour un site de camping, décident de l’apporter avec eux pour éventuellement la déplumer et l’incorporer à leur pique-nique en la faisant cuire sur la broche et ajoutant une bienvenue  variété au repas; au moins, cette Gélinotte huppée n’est pas morte pour rien.

 

          En conclusion, chaque oiseau trouvé mort sur un chemin possède sa propre histoire et dû au très grand nombre de spécimens, les collisions avec les véhicules sont inévitables, malheureusement.