LE PACIFIQUE PLONGEON

 

         Ma destination pour ce 9 novembre 2005 est la Pointe-Yamachiche et vers les 11 :00 heures, je me retrouve sur le bord du lac Saint-Pierre, à cette fameuse « pointe », où la vélocité du vent est extrêmement présente. En ce jour, les premières observations d’oiseaux deviennent un Épervier brun, deux Plongeons huards, environ quatre cents Oies des neiges, cent cinquante Bernaches du Canada, quelques Petits Garrots et Garrots à œil d’or, ainsi qu’un petit groupe de Harles couronnés, ce, dans une température un peu désagréable par les rafales rendant l’air plus froid qu’en temps habituel.

 

        Je continue quand même à scruter les vagues incessantes du lac dans l’espoir de retracer quelques nouvelles espèces pour ma liste journalière, ce qui va éventuellement bien me servir. Dans les minutes suivantes, du large et emporté par les moutonneuses vagues continuelles, un Plongeon huard (en apparence, au premier coup d’œil) est poussé vers le rivage, car le vent provient du sud-ouest. Plus l’oiseau aquatique approche de la « pointe », plus le doute s’installe dans ma tête, parce que sa silhouette semble de plus en plus différente du huard.

 

       Mon interrogation est fondée et, à chaque fois que l’individu apparaît sur le haut d’une vague, elle devient une certitude que c’est une autre espèce de plongeon ou un autre oiseau d’eau ; en passant par le Plongeon catmarin (bec vers le haut et petite tête), le Grèbe jougris (bec effilé et jaunâtre, long cou) et le Grèbe esclavon ( petit bec et corps assez court), il ne me reste qu’un spécimen à considérer et il est relativement facile de l’identifier, car c’est à coup sûr un Plongeon du Pacifique, dans son plumage d’automne et avec la tête ronde et avec le bec plus petit que celui du Plongeon huard, d’autant plus qu’il est maintenant beaucoup plus près, sur l’eau, conduit devant moi par les ondulations  du lac.

 

       Cette observation inattendue est une bénédiction du ciel et est un cadeau des dieux de l’ornithologie, ce qui me fait prendre conscience de l’énorme chance que j’aie en ce moment et, même si le vent, toujours aussi violent, me fait pleurer des yeux et me met régulièrement en déséquilibre, j’admire le plus longtemps possible ce plongeon exceptionnel, en sachant bien qu’il ne sera plus là demain, ce qui est bel et bien arrivé, malheureusement.