TOUS AU LIT!

 

                Comme des milliers de fois au printemps et ce, juste avant le coucher du soleil en continuant jusqu’à la noirceur, des dizaines de milliers de Bernaches du Canada et d’Oies des neiges reviennent des champs en passant au-dessus de ma demeure : c’est vraiment routinier en ce temps de l’année. Aussi, il y a plusieurs Goélands à bec cerclé et quelques espèces de canards comme des Canards colverts, des Canards pilets et des Canards noirs, dans le sillage de ces bernaches et de ces oies.

 

                 Mais, en cette fin de journée du 21 avril 2009, ces innombrables volées d’oiseaux aquatiques semblent avancer dans le ciel plus rapidement que d’habitude et une image instantanée apparaît dans mon cerveau pour me rappeler des souvenirs d’enfance; qui n’a pas retardé quelque peu avant d’entrer à la maison lorsque la mère sortait dehors en criant qu’il était temps d’aller au lit? Au moindre retard d’un des enfants, une volée l’attendait et ce n’était pas une volée d’oies, mais plutôt une volée de doigts sur les mains et, souvent, ailleurs.

 

                  Tous les marmots avaient intérêt à ne pas traîner en chemin, à se laver rapidement et à aller se coucher avant l’intervention de la mère; quant aux bernaches et aux oies, elles répondent actuellement à l’appel de leur mère, soit le lac Saint-Pierre, et elles ont hâte de se rendre à leur grand lit d’eau, ce, afin de se reposer de leur séjour dans les champs, passées à se nourrir : un bon lavage est de mise après de tels efforts. Il arrive régulièrement  que leur lit d’eau devient agité par les vagues du lac, les aidant à mieux récupérer dans le continuel bercement de leur nuit de repos, d’autant plus que toute cette marmaille aviaire, turbulente par moment, est presque toujours regroupée serrée, les individus étant côte à côte, procurant une certaine chaleur sous un toit naturel étoilé; certaines nuits, une couverture nuageuse devient un plus pour tous. Demain matin, les volées d’Oies des neiges et de Bernaches du Canada reprendront de plus belle pour une autre journée de ravitaillement aux champs car, parfois, elles doivent en fréquenter plusieurs, faute de boustifaille ou dû au dérangement.

 

                 Depuis quelques années, les Oies des neiges sont plus nombreuses au lac Saint-Pierre, à la hauteur de Yamachiche, dépassant même 100,000 (cent milles) en 2009, ce qui complique un peu la tâche des agriculteurs par cette activité aviaire souvent indésirable, surtout lorsque ça se prolonge en mai, après les semences. Quelques milliers de Bernaches du Canada, quant à elles, demeurent dans les alentours à chaque année et vont se nourrir de jeunes pousses tendres dans les champs, causant quelques dommages à certaines cultures, ce qui n’est pas encore trop grave, en autant que la situation reste stable.

 

                  La population d’Oies des neige a été évaluée à 1,500,000 (un million cinq cent milles) en 2008, ce qui signifie que l’on n’a pas fini de voir ces oiseaux aquatiques aller se coucher au lac Saint-Pierre dans les prochaines années, pour notre grand plaisir et pour le grand dam des cultivateurs.