DES BALEINES AU LAC SAINT-PIERRE
Les baleines sont des mammifères
marins qui impressionnent toujours lorsqu’on a la chance d’en voir une et le
lac Saint-Pierre a, depuis les années 1980, été témoin de la présence de deux
spécimens de ces cétacés; malheureusement, à chacune de ces occasions,
l’individu en question était mort.
La première mention très
médiatisée de l’une d’elles s’est produite au début de la décennie 1980,
laquelle baleine fut retrouvée morte près de la voie maritime, du côté sud du
lac Saint-Pierre qui fait partie intégrante du fleuve Saint-Laurent, ce, plus
ou moins à la hauteur de la municipalité de Pierreville.
Les journaux, les radios et les réseaux de nouvelles de la télévision ont
largement publicisé cet événement exceptionnel au lac Saint-Pierre et plusieurs
personnes ont accouru sur les lieux lorsque le retrait des eaux du mammifère
s’est effectué mécaniquement avec de l’équipement spécialisé; la petite
baleine, probablement heurtée par un navire dans le couloir fluvial, déjà morte
depuis quelques jours, commençait à se putréfier et lors de son chargement sur
la remorque de la compagnie de récupération (en provenance de Charny, près de
Québec), des odeurs insupportables se dégageaient de cet énorme corps inerte,
d’autant plus que ce dernier se déchirait de temps à autre pendant le
déroulement des opérations.
Afin de prolonger le souvenir du
passage de ce « monstre » marin dans notre région, un original
propriétaire de bar du coin de Sorel avait eu la sadique idée d’enlever un œil
de la tête de la baleine, de le mettre dans un bocal et de l’exposer dans son
établissement en le plaçant sur son comptoir : geste sûrement dicté par
l’appât du gain facile en se faisant de la publicité gratuite dans les médias,
s’attirant une clientèle supplémentaire, extrêmement voyeuse pour cet œil d’un
volume démesuré; cet homme n’avait pas froid aux yeux en regard de ses méthodes
publicitaires!
Quant à la deuxième apparition d’un
cétacé au lac Saint-Pierre, elle est survenue au mois de mai 2004, laquelle
baleine a dû subir un sort semblable à celle des années 1980, car les
fréquentes rencontres des bateaux dans la voie maritime ne laissent que très
peu d’espace pour un tel animal marin à la grosseur gigantesque, pour presque
irrémédiablement, tôt ou tard, voir l’une de ces rencontres de géants des eaux
le toucher et le blesser gravement, pour le mener à la mort lente ou rapide,
selon la violence du choc.
Encore retiré du lac par la rive
Sud, ce mastodonte de l’onde a été transporté par la compagnie de transport
Thomas Bellemare de Yamachiche; la baleine en
question fut placée sur deux remorques adaptées pour un tel travail et le
trajet demandait le passage dans la municipalité de Baie-du-Febvre, où les gens
furent témoins de cette petite procession inédite, laquelle répandait (encore
une fois!) des senteurs nauséabondes tout le long. Après avoir traversé la
ville de Nicolet, le pont de Trois-Rivières devenait
l’étape suivante, car la dépouille de l’habitant des mers se voyait conduire au
dépotoir de la municipalité de Saint-Étienne-des-Grès pour son dernier repos.
Arrivé à destination, la
population des alentours attendait cette personnalité animale comme un
personnage important à l’heure de sa mise en terre car, en effet, un long,
large et profond trou avait préalablement été creusé afin d’accueillir le corps
de ce grand individu des eaux. Mais, comme il n’était pas embaumé, dès les
premiers mouvements de la grue pour le déplacer, plusieurs personnes ont eu des
nausées et ont même dû quitter le « cimetière »; le périple était
terminé pour cette baleine malchanceuse, arrivée du golfe du Saint-Laurent,
avec un billet aller seulement : dommage!
Il serait intéressant d’observer un
de ces spécimens marins, vivant pour une fois, dans nos eaux, ce qui serait
exceptionnel, avec le trafic lourd des navires de la voie maritime du fleuve
Saint-Laurent.