EVOLUTION DES LIEUX D’OBSERVATION

Depuis la parution du premier guide pour l’observation des oiseaux du lac Saint-Pierre en 1986, lequel guide a été publié par la Société Ornithologique du Centre du Québec, une certaine évolution s’est produite au fil des ans à certains endroits et il en sera question dans les prochaines lignes. Mais avant, il faut préciser que cet ouvrage sur les oiseaux du lac Saint-Pierre, avec des facilités beaucoup moindres qu’aujourd’hui au niveau des informations et des moyens de communications, surtout, est une réussite par le souci du détail et par le professionnalisme de tous les collaborateurs, dont Yvon Masson, de Louiseville, faisait partie.

De prime-abord, il est intéressant de constater dans ce livre, les oiseaux exceptionnels au lac Saint-Pierre, de 1930 à 1986; Le Pétrel diablotin, la Frégate superbe, le Dendrocygne à ventre noir, l’Ibis blanc, le Grand Labbe, le Bec-en-ciseaux noir, le Guillemot à miroir, le Macareux moine et le Bruant à queue aiguë ont eu la chance d’être recensés, malgré le peu d’observateurs, à cette époque plus difficile pour accéder au lac.

L’augmentation la plus rapide d’une espèce et ce, de façon très spectaculaire, s’est produite au site de la plaine d’inondation du secteur Nicolet-Baie-du-Febvre. À la fin des années 1970, cet oiseau migrateur du nom d’Oie des neiges se composait d’environ 300 individus pour voir, dès 1982, 15,000 spécimens, soit une appréciable augmentation; en 1985 et 1986, un autre boum démographique en passant à 40,000 et l’année suivante (1987), à plus de 60,000 Oies des neiges. À remarquer que durant cette période, la population de Bernaches du Canada demeurait stable, ce qui changeait déjà le portrait ornithologique de ce site. Dans les années 2000, les oies des neiges ont même atteint le nombre magique de 300,000 individus, à quelques printemps donnés, devenant une attraction touristique de premier plan pour la région de Nicolet et de Baie-du-Febvre.

Dans ce guide, un extrait du téléroman « Le Survenant », de Germaine Guèvremont, voit le père Didace énumérer les espèces de canards de son coin, à sa manière colorée et la voici : Harle huppé pour Bec-scie à poitrine rousse et redevenu Harle huppé, Bec-scie pour Grand Harle, Bec bleu pour Petit Fuligule et Fuligule milouinan, Milouin à cou rouge pour Fuligule à tête rouge, Gris pour Canard pilet, Marionnette pour Petit Garrot et Malard (Français) pour Canard colvert; vraiment instructif comme renseignement.

Dans le passé, on parlait de la disparition des avions lorsqu’ils passaient dans le secteur du triangle des Bermudes, car on affirmait que ces derniers étaient attirés mystérieusement par cet endroit, ce qui est aussi le cas pour les oiseaux migrateurs qui traversent le lac Saint-Pierre, lesquels sont attirés par la pointe Yamachiche, mais pour, heureusement, nullement disparaître; en effet, la pointe Yamachiche correspond à une destination des plus stratégiques pour une très grande variété de limicoles et ce, afin qu’ils se reposent un peu avant de poursuivre leur route. La « pointe » était déjà connue comme tel, en 1986, même si très peu de gens, surtout les observateurs d’oiseaux, fréquentaient ce site, soit par ignorance, soit par manque d’accès facile ou soit tout simplement par manque d’effectifs pour le recensement.

Depuis la publication du guide de la Société Ornithologique du Centre du Québec sur l’observation des oiseaux au lac Saint-Pierre, plusieurs nouvelles espèces ont été découvertes par les ornithologues amateurs, car les clubs d’ornithologie se sont multipliés et les moyens de communications sont devenus beaucoup plus rapides, ce qui ajoute encore plus au mérite des instigateurs de ce premier guide, avec la route tracée soigneusement par eux : merci.