UNE VISITE DES PRAIRIES

Le 31 août 1990, lors d’une halte rapide au bout de la Grande rivière Yamachiche et ce, après une matinée de réparation intensive des filets de pêche, lesquels ont été troués par les rats musqués, je repère, à l’autre rive du cours d’eau, sur un tronc d’arbre couché, la forme d’un oiseau. Je distingue très mal l’espèce avec les éblouissements du soleil, lesquels m’aveuglent en me frappant en plein visage; après quelques pas de côté, je me hâte pour l’identifier sommairement, de peur qu’il s’envole à tout moment et la première impression est d’apercevoir un Faucon pèlerin, au travers des rayons encore trop puissants.

Après encore quelques enjambées pour obtenir un meilleur angle de vision, j’obtiens enfin satisfaction en réussissant à ajuster mon outil d’observation sur la tête du faucon, parce que c’est un faucon, et par surcroît, de profil, pour parfaitement voir deux favoris, largement distancés l’un de l’autre, et en plus, remarquer un cou blanchâtre; de plus, son dos brun pâle me confirme que ce n’est pas un Faucon pèlerin et, soudain, je réalise que c’est un Faucon des Prairies, en pèlerinage au Québec, même s’il n’est pas un pèlerin : ce n’est pas à tous les jours que ça se produit!

 

 

 

LE PETIT PEUREUX

Déjà sur place depuis trente minutes et ce, dans une chaleur de milieu d'été, j’épie les environs marécageux, en face du lac Saint-Pierre, soit à l’endroit où se jette la Petite rivière Yamachiche et j’ai actuellement à mon actif, comme recensement, le Martin-pêcheur d’Amérique, la Sterne pierregarin, la Guifette noire, quelques espèces de canards barboteurs, le Grèbe à bec bigarré, la Gallinule poule-d’eau, les goélands habituels, les trois espèces d’hirondelles (bicolore, rustique et de rivage), ainsi que les éternels Grands Hérons, pour ne nommer que ceux-là.

Apercevant également quelques Bruants chanteurs, j’en repère un différent, lequel se dirige dans un espace dégagé de la dense végétation aquatique, aux abords de la rivière; je me fais un devoir de tenter son identification, si je le retrouve, bien sûr, et je m’immobilise à proximité de sa cachette, en attendant une sortie anticipée, mais des plus incertaines.

Rien, pendant un bon dix minutes, mais voilà qu’il se pointe et, mes jumelles déjà braquées sur lui, je constate avec ravissement qu’il a un triangle orangé à la tête, ce, pendant seulement une seconde, car il se précipite dans les joncs : c’est un Bruant à queue aiguë. Mais une autre belle surprise m’attend, car en suivant ce bruant, celui-ci m’a orienté vers l’occiput d’un Râle de Virginie, lequel me surveille du coin de l’œil, pour aussitôt, lui aussi, disparaître dans les herbes fournies; en ce 7 septembre 1994, l’attente en valait réellement la peine.