LA PARULINE AUX FRISSONS

La journée du 22 mai 2009 débute en beauté dans l’observation des oiseaux par la découverte d’une Grive à joues grises et ce, dans mon sous-bois, en plus; excellent après six nouvelles espèces recensées hier, au Cap Tourmente. Cette première nouveauté du jour me donne l’élan nécessaire pour une autre excursion ornithologique au « petit royaume » de la Petite rivière Yamachiche et c’est ce que je fais illico.

Arrivé sur le site, une deuxième espèce s’ajoute à ma liste annuelle, soit un Moucherolle des saules, justement dans un saule; après quelques minutes de recherches, une toujours appréciée Grive à dos olive se présente devant les jumelles et à quelques pas de cette dernière, une Paruline triste me choie par sa soudaine apparition au haut d’une tige d’un buisson. Aussi, l’activité règne dans le secteur de la haie naturelle de Hart rouge, avec la Paruline masquée, la Paruline flamboyante, la Paruline à tête cendrée, la Paruline à calotte noire et la Paruline bleue, entre autres, sans oublier le Viréo mélodieux et le Viréo aux yeux rouges.

Toujours à l’affût, un mouvement lent attire mon attention sur le sol sombre du Hart rouge et ma première impression est de voir une Paruline des ruisseaux, mais ce n’est pas le cas, car elle n’a pas de rayures aux flancs et en plus, elle ne bouge pas la queue continuellement; dans cet endroit ombré, entre et sous les branches du hart, j’ose opter pour une Paruline bleue femelle, mais très rapidement, en se dégageant temporairement dans un petit espace de lumière, cette paruline (car c’est bien une paruline) m’intrigue considérablement, tellement que je ne connais pas encore cette espèce, laquelle a le dessus brunâtre, avec une légère différence pour le brun de la tête. En plus, cette paruline inconnue est assez svelte avec un bec assez long, pointu et noir tout en ayant un bandeau brunâtre et un sourcil beige; dans sa marche lente aux arrêts réguliers et presque incertains, elle laisse voir la pâleur du dessous : si elle, est encore dans l’ombre, moi, je suis totalement dans le noir.

Le suspense arrête, temporairement du moins, lorsqu’un Viréo aux yeux rouges chasse ma trouvaille, pour ne plus la revoir dans les vingt minutes suivantes, ce qui m’oblige à me rendre à la maison afin d’identifier cette première à vie, car je suis convaincu que c’en est une! Je trouve immédiatement l’espèce de paruline convoitée en tombant sur la page de la Paruline de Swainson, la réplique exacte de mon observation des derniers instants : je suis aux anges, car je n’espérais jamais, mais au grand jamais un jour, recenser cette timide paruline (tellement qu’elle en frissonne dans ses déplacements!).

Après ce coup fumant du hasard, à la fin de l’après-midi, je reprends le même itinéraire dans un très faible espoir de la revoir au Hart rouge, mais je n’y crois absolument pas. Tout de même, j’ai la chance de voir surgir une furtive Grive des bois et ce, sur une branche basse d’un érable; de plus, pas trop loin, une magnifique Paruline du Canada se promène sur les tiges du hart. Ces deux beaux spécimens aviaires complètent agréablement une journée remplie de frissons, ce qui me satisfait au-dessus de mes espérances, et comment!