ILS SERVENT AUSSI À ÇA!

Dans la vie, lorsqu’on fait ce que nous aimons, il est très facile de bien mener à terme tout ce que nous entreprenons et ainsi, d’intéresser les gens qui nous entourent; mais, même à ça, il y a certaines situations qui nous dépassent et qui, automatiquement, nous étonnent, tellement nous sommes dépourvus face à la surprise du moment. J’ai vécu une telle réaction par une matinée d’été de 2008 et j’en suis très fier; donc, la voici dans tous ses détails.

Quelques semaines avant cette journée mémorable, je reçois une invitation du responsable des loisirs d’été pour les jeunes de Yamachiche et ce, afin de leur parler des oiseaux de la région de Yamachiche : le rendez-vous se fera au Pavillon des loisirs de la municipalité. Après m’être informé de la pertinence de cet entretien avec les enfants, m’interrogeant surtout de leur réel intérêt pour un tel sujet, dû à leur âge (5 à 10 ans), le moniteur me rassure et j’accepte avec plaisir.

Le jour venu, lequel est pluvieux, nous obligeant tous à demeurer dans le Pavillon des loisirs, soit la quinzaine de jeunes, les trois monitrices, le responsable et moi-même, j’apporte quand même tout le matériel déjà choisi, quitte à ne pas tout utiliser. Après m’être installé, je débute l’entretien avec mon jeune auditoire et, comme je m’en doutais, quelques-uns d’entre eux semblent ne pas trop intéressés; alors, j’use de stratégie et je sors mon arsenal d’exemplaires de la revue « Québec Oiseaux », laquelle contient de magnifiques photos d’oiseaux (j’ai une revue pour chacun d’eux), ce qui accroche automatiquement l’œil de tous ces marmots, calmant même les plus turbulents. Avec l’aide des trois monitrices, nous réussissons à les captiver, d’autant plus que je passe à l’étape des questions sur leurs propres connaissances des espèces d’oiseaux :le tout se déroule bien, dans les circonstances, car il est difficile de conserver longtemps l’attention des plus jeunes.

Après ce petit test sur leurs connaissances aviaires, j’entreprends de les laisser regarder dans mes jumelles et dans ma lunette d’approche, ce qui les attire énormément; pendant toute cette interaction avec cette jeunesse, je remarque vaguement qu’un petit garçon se tient constamment à mes côtés, ce, sans bouger, écoutant religieusement tout ce que je dis. Pendant cette séance d’informations sur la gent ailée, de temps en temps, une question vient de l’un ou l’autre de cette petite marmaille, mais jamais de celui qui me côtoie.

Arrivant dans les derniers instants de l’entretien, le responsable vient m’avertir que ça achève et il profite de l’occasion pour me remercier; déjà, je suis très satisfait du déroulement de l’activité, mais je vais avoir une agréable et émouvante surprise dans les minutes suivantes. En effet, le jeune garçon, étant demeuré muet comme une carpe pendant toute ma présence avec eux, commence à me raconter son expérience avec un jeune merle trouvé au sol et la façon qu’il a utilisée, avec l’aide de son père, pour le sauver, en trouvant le nid, d’abord, et le remettant dedans, par la suite. Plus il avance dans son explication, plus il devient passionné, ce, toujours sous le regard du responsable, lequel semble étonné, tellement, qu’il demande gentiment au « petit gars » d’aller rejoindre les autres, car il est en retard pour le dîner.

C’est lors de mon retour à la maison avec le responsable que j’apprends, avec stupeur, que le jeune en question vient de parler pour une des premières fois lors de son séjour d’été au Pavillon des loisirs, habituellement retiré des autres, n’ayant jamais trouvé un point d’intérêt pouvant lui permettre de communiquer avec eux; mon interlocuteur croit vraiment qu’il vient de débloquer verbalement, en ayant enfin découvert une passion, soit les oiseaux.

Je suis encore sous le choc, une fois rendu dans ma demeure, mais je suis très content de mon avant-midi, car j’ai parlé d’oiseaux, malgré la pluie, et j’ai peut-être mis du soleil dans la vie d’un jeune garçon, jusque ce jour, taciturne; les oiseaux servent aussi à cela, soit mettre de la vie et du soleil en chacun de nous.