Conte pour tous (1961)

LE PETIT RENARD TAKI

(Première partie)

Avant-propos : voir texte 200, Le moineau Titan (conte)

Dans un terrain boisé, existait un jeune renard du nom de Taki qui menait une vie malheureuse, car il était seul. Sa mère, Nimba, mourut à la suite de blessures mortelles qu’elle s’infligea en tombant sur un rocher aiguisé en essayant d’attraper sa proie. Taki, le petit renard orphelin, parcourait le bois en tous sens pour se distraire un peu et oublier ses terribles aventures; mais, il ne se doutait pas de ce qui était pour lui arriver. Un jour, tout en se promenant comme d’habitude dans la région, il rencontra sur son chemin un gentil petit oiseau qui s’était blessé l’aile droite en heurtant une branche d’un érable. Le petit animal ailé demanda à Taki de le soigner et ce dernier accepta avec plaisir en disant : « Si je ne t’avais pas rencontré, qu’est-ce que je serais devenu?, je ne le sais pas; peut-être que je me serais laissé mourir ». « Comment ça? », lui demanda Lagui, le nom du petit oiseau.

« Bien, être seul, ce n’est pas gai et j’étais désespéré, car je cherchais quelqu’un pour jouer avec lui, mais je ne trouvais personne. Alors, je suppose qu’après ta guérison, tu vas t’en aller et que je vais continuer cette même vie qu’avant ». « Non, je vais rester avec toi dans la forêt, car tu m’as sauvé la vie et ça mérite bien cela », répondit Lagui. « Oh! merci, merci mille fois mon ami, tu ne sais pas quel plaisir tu me fais en ce moment et je crois que nous allons être de bons amis ». « Oh oui!, et j’espère surtout que nous le demeurerons longtemps; mais je ne t’ai pas dit que je suis moi aussi orphelin comme toi (Taki lui avait raconté le malheureux accident mortel qui était arrivé à sa mère), car mes parents sont morts lors d’une tempête. Ils allaient me chercher de la nourriture, car il faut dire que j’étais incapable de voler à cause de mon très jeune âge; soudain, en revenant vers notre maison, la foudre les frappa tous les deux et je les ai vus piquer vers le sol : ce fut la dernière fois que je les vis ».

Taki, un peu touché par le récit de Lagui, lui demanda comment il fit pour survivre seul. « Eh bien Taki, j’ai oublié de te dire que j’avais des voisins et qu’ils m’ont nourri jusqu’au jour où j’ai pu chercher personnellement ma mangeaille dans les environs ». « Ouf!, je commence à respirer et je suis content que tu t’en sois tiré comme ça ». « Maintenant que nous nous sommes racontés l’un à l’autre notre vie, il commence à être temps de penser à manger, Taki ». « Tu as raison Lagui, je vais immédiatement dans la forêt me chercher de la viande fraîche et en même temps, je vais t’apporter du blé qu’il y a dans un champ, près de notre habitat ». « Pendant ce temps, je vais faire un somme près de cet arbre; bonne chasse et reviens au plus vite ». « Oui Lagui, ne crains rien, ça ne prendra pas de temps ».

Après le repas, ils partirent tous les deux en gambadant et riant, car ils se sentaient tellement en sécurité. Mais rendus au sein du bois, ils arrivèrent face à face avec un ours géant que l’on surnommait Bazin, à cause de sa force herculéenne peu commune. Taki aurait pu se sauver facilement, mais le pauvre petit Lagui ne pouvait pas le suivre, car sa blessure n’était pas encore guérie. Dans cette terrible situation, Taki était embarrassé; mais, comme il était très intelligent, il prit Lagui entre ses dents et se sauvèrent ensemble beaucoup plus loin, car ils ne voulaient jamais plus revoir Bazin, l’ours féroce. Après ces nombreuses émotions, ils s’arrêtèrent pour dormir : il allait faire déjà nuit. Pour la première fois, Taki et Lagui dormaient ensemble, après une journée de plaisir et de mésaventures; la nuit était tranquille et se passa sans aucuns incidents fâcheux pour nos deux jeunes amis couchés près d’un arbre.

Ils se levèrent très tôt le lendemain; avec le gazouillement du ruisseau et le bruit du vent, ils hésitaient à partir, car ils se sentaient comme dans un paradis terrestre. Mais il fallait bien partir et ils se mirent en route. Si vous voulez bien mes amis, nous allons les suivre.

Imaginez donc la surprise de Taki de voir à côté du bois, un chalet en construction. Taki regardait d’un air songeur Lagui en disant : « Je ne suis pas en sécurité dans ce bois parce que je suis un renard et que les hommes détestent les renards. Alors, s’ils me voient, ils me tueront ». Lagui, d’un air d’encouragement répondit : « Mais tu n’es pas comme les autres renards, toi, tu es bon et doux; pourquoi crains-tu pour ta sécurité?». « Parce que les humains ne comprennent pas les gens de ma famille; et quand bien même que je serais doux et bon, ils me tueront de toute façon ». « Pourquoi? », demanda Lagui : « Parce que j’ai une belle fourrure et ils me tueront pour l’avoir; tu comprends?». « Oh oui!, partons d’ici avant de nous faire repérer par ces horribles hommes ». « Je suis de ton avis Lagui, nous allons changer de bois ».

De l’autre côté de l’immense clairière, se trouvait pour nos deux amis, un refuge idéal, un territoire boisé semblable à l’autre, mais un peu plus gai. Pour y arriver, il leur fallu marcher pendant de longs moments; quand ils furent rendus à destination, ils avaient peine à marcher, mais le fait de se sentir déjà en sûreté leur fit oublier la fatigue, ce qui leur permit d’explorer leur nouveau domaine. Il existait dans cette forêt, un vieil ours qui, en tous point, ne ressemblait en rien au terrible Bazin. Non, car il était paisible et parfois, un peu triste. Il espérait rencontrer (lui aussi!) un ami qui serait dans la même situation que lui parce qu’il était toujours seul.

Zito, c’est le nom de l’ours, demanda à nos copains ce qu’ils venaient faire là. Lagui de répondre : « Nous venons nous réfugier ici pour échapper à la cruauté de certaines gens »; Zito, aussitôt leur répliqua : « Vous êtes les bienvenus dans mon domaine, ça fait longtemps que je voulais de la compagnie et voici, maintenant ou jamais, le temps de fêter par un festin ». « Que fais-tu?» demanda Taki, « Eh bien, je vais aller chercher du poisson au ruisseau et pendant ce temps, tu iras chercher des vers pour Lagui »; « très bien Zito, j’y vais tout de suite », de répondre Taki. Lagui ne pouvait pas aller chercher sa nourriture, car il n’était pas encore complètement guéri de sa blessure, mais avec les soins reçus de ses compagnons, il devrait être rétabli très bientôt.

À SUIVRE