AMOUR DU FROID?

Il y a probablement des limicoles qui sont moins frileux que les autres et les lignes qui vont suivre en donneront deux bons exemples.

Le premier cas se présente lorsque je roule à pleine vitesse sur l’eau de la Petite rivière Yamachiche, sous un ciel nuageux et une température froide à un des premiers jours de novembre et ce, en embarcation, laquelle me ramène à la maison; ce retour va être interrompu quelques instants par la vue, sur l’onde, d’un oiseau à l’allure première d’un passereau, lequel nage lentement à la surface. Je passe assez rapidement près de lui, l’ayant aperçu à la dernière seconde, prenant bien soin de me diriger vers la rive tout en continuant et rebroussant chemin un peu plus loin, afin d’aller identifier cet étrange individu ailé qui n’est sûrement pas une Pie-grièche grise!

En me dirigeant à ses côtés, il n’est absolument pas effrayé et il tourbillonne tout en m’ignorant : c’est un Phalarope à bec étroit, actuellement à un endroit un peu spécial pour cette espèce, lequel est entouré d’arbres et à proximité d’une voie d’autoroute très bruyante. Alors, je poursuis ma route, car le froid commence à me rattraper, content de cette rencontre fortuite.

La seconde situation a lieu dans l’après-midi du 9 décembre1994, en bordure des glaces du lac St-Pierre, sur lesquelles je circule à pied, espérant repérer des canards comme le Harelde kakawi, le Garrot d’Islande et le Grand Harle. Un vent glacial de l’ouest me transperce, mais j’ai la ferme intention de poursuivre mes recherches malgré cet inconvénient; ma patience est récompensée car je vois surgir, au loin, un oiseau de rivage poussé par les rafales, lequel s’approche en zigzaguant et lequel me dépasse comme une flèche. Mes jumelles ont eu le temps de saisir les détails menant à une certitude sur l’espèce qui répond à un Phalarope à bec étroit, lequel n’est pas trop frileux en cette journée de décembre et lequel est certainement pressé à s’envoler vers des cieux plus cléments.

 

 

DES PARURES NÉCESSAIRES

De temps en temps, j’observe des oiseaux migrateurs qui possèdent des bijoux comme un collier au cou ou une bague à la patte, par exemple, et ce n’est pas par coquetterie comme chez les humains, mais plutôt par nécessité afin de connaître leur route migratoire respective et leur progression dans celle-ci. Je me demande ce que les autres membres de leur famille pensent de cet ajout sur un des leurs. Est-ce qu’ils le trouvent chanceux ou, le repoussent-ils à l’occasion?

De prime abord, ça ne semble pas trop les déranger et c’est tant mieux, car ils n’ont pas le choix! Une autre méthode employée est de peinturer les sous-caudales (l’arrière-train) des limicoles avec un produit inoffensif qui se dissout après un certain temps, mais c’est beaucoup moins élégant et surtout, trompeur pour un observateur initié depuis peu à l’ornithologie, lequel se fie aux détails de son guide d’oiseaux; ce procédé est de plus en plus délaissé par les bagueurs d’oiseaux de rivage, si ce n'est déjà fait.