DEUX FOUS SOUS LE PONT DE TROIS-RIVIÈRES

Il y a toutes sortes de fous dans le monde et le présent texte va vous en faire connaître une autre espèce. En effet, dans la journée du 6 août 2008, un citoyen, habitant près du quai de Ste-Angèle-de-Laval, aperçoit un comportement bizarre d’un fou qui semble fatigué tout en demeurant dans les alentours de ce quai, d’autant plus que dans sa blancheur, ça paraît encore pire. Alors, ce citoyen prend l’initiative d’appeler un ami pour lui expliquer la situation et lui demande de tenter de retrouver la trace de ce fou, lequel a quitté les lieux.

Le lendemain avant-midi, le 7, cet ami, fébrile, en compagnie d’un copain, entreprend la difficile mission de retracer cet individu, peu commun près des rives mauriciennes du St-Laurent; ce fou, s’il est réellement affaibli, peut mourir dans ses déplacements, surtout s’il a de la difficulté à s’alimenter. Ne le voyant pas dans la région du quai de Ste-Angèle-de-Laval (Bécancour), nos deux détectives du dimanche s’orientent vers Trois-Rivières, soit sous le pont de ce nom, et en peu de temps, ils repèrent, pas seulement le fou en question, mais aussi un deuxième qui l’accompagne et les deux ne montrent aucun signe de faiblesse.

Assurément, ils savent très bien nager sous l’eau car, tour à tour, ils en sortent et y replongent presque aussitôt; ces deux fous de la plus belle espèce ont des ailes et contrairement à Icare (dans la mythologie grecque, celui qui avait perdu ses ailes collées à la cire, en s’approchant trop du soleil), ils volent magnifiquement car ce sont des Fous de Bassan adultes, des oiseaux de mer à l’impressionnante livrée blanche et au bec fort assez effilé qui les aide à pénétrer dans l’eau lors de leurs spectaculaires et vertigineux plongeons en piqué.

Ces spécimens aquatiques, originaire de la Gaspésie, se sont aventurés un peu trop loin de cette région québécoise, mais nos deux amis ornithologues amateurs ne se plaignent nullement de cette visite imprévue et savourent pleinement ces instants de magie aviaire en devenant peut-être un peu fou, à leur tour! Leur mandat est rempli comme détectives et ils n’ont pas besoin des services policiers trifluviens pour arrêter les nombreux vols de ces Fous de Bassan.

Les deux individus ailés égarés ont pris la décision de se diriger vers l’ouest, ce qui me donne peut-être une possibilité de les voir rôder dans les baies de Yamachiche, au lac St-Pierre; mais dans les jours suivants, je ne possède nullement la chance d’admirer ces oiseaux de mer dans leur errance aux déplacements aléatoires.