ANIMAUX, OISEAUX, VÉLO, MARCHE ET COURSE À PIED

Le loisir de la course à pied permet, en plus de se garder en bonne forme physique, d’apprécier la nature et même de vivre des expériences inusitées, uniques et inoubliables avec les oiseaux et les animaux de tout acabit; ces rencontres animalières sont parfois loufoques, ajoutant un cachet particulier à chaque occasion.

La première situation me venant à l’esprit est lors d’un début de soirée dans une séance d’entraînement en empruntant la route Gélinas (anciennement La Bezotte).Ayant déjà parcouru près de la moitié de ce chemin gravelé et ne voyant presque plus rien devant moi, dû à l’arrivée rapide de la noirceur, tout à coup, j’entends des bruits derrière moi comme ceux d’un cheval au galop et je tourne la tête vers la droite tout en n’apercevant rien : ça m’intrigue et m’inquiète.

Tout en continuant à courir, les bruits de sabots s’amplifient et je regarde brusquement à l’arrière, à ma droite, pour voir avec stupéfaction dans le champ, au moins quatre vaches laitières faire leur jogging de l’autre côté de la clôture; je n’aurais jamais pensé qu’un jour j’entraînerais des vaches à la course à pied!

La seconde aventure, encore en jogging, se produit lors d’une sortie à la noirceur, par une soirée d’automne à la pluie fine, rendant l’asphalte luisant sous les lumières de rue conduisant vers le viaduc de l’autoroute 40. À peine sorti des limites du village, je vois passer une barre blanche devant moi, ralentissant ma course tout en réalisant que ce n’est pas un chat, mais plutôt une mouffette qui vient de surgir du fossé et qui se trouve à plus ou moins deux mètres : qu’est-ce que je fais? Une seule chose s’impose et, sans hésiter, je saute au-dessus d’elle et j’accélère dans les quelques mètres suivants; je suis certain que cette « bête puante » ne s’est jamais rendue compte de ma présence car, distraitement, je ne l’ai pas vue modérer sa marche vers l’autre côté de la route.

À la course à pied, plusieurs oiseaux sont souvent observés près des routes empruntées comme des Pics flamboyants, des Tourterelles tristes, des Bernaches du Canada, des Bruants des prés, des Pluviers kildirs, des Pigeons bisets, des Bruants chanteurs et des Goélands à bec cerclé, entre autres; c’est vraiment intéressant. Ce qui l’est moins cependant, correspond aux périodes d’entraînement lorsque des milliers de petites mouches envahissent l’atmosphère et dont plusieurs obstruent la vue ou veulent entrer dans la bouche et le nez : c’est l’enfer! Il y a encore pire, même si ça arrive très peu souvent et c’est lorsqu’un hanneton (communément surnommé « frappe à bord ») frappe un des yeux ou le front : ça fait un peu mal sur le coup (surtout en vélo).

Une expérience inusitée qui n’a pas été décrite et concernant les oiseaux est survenue par un après-midi d’été et le spécimen en question est un Cormoran à aigrettes, lequel nage lentement à l’embouchure de la Petite rivière Yamachiche. L’ayant repéré rendu à la chaloupe accostée à la rive, je le vois plonger dans les secondes suivantes, car lui aussi m’a aperçu; de toute façon, comme je retourne à la maison, je mets l’embarcation à la flotte en y embarquant et en démarrant le moteur, au neutre. Ne revoyant plus le Cormoran à aigrettes, j’embraye le moteur et je me penche vers la gauche, avec la tête au-dessus de l’eau dans l’espoir de voir surgir le cormoran; et c’est précisément ce qu’il fait car, dès que je veux accélérer, il sort complètement de l’onde pour se trouver au flanc de la barque, près de ma tête. L’embarcation déjà en mouvement, le cormoran est surpris et décide lui aussi de partir vers l’avant en courant sur l’eau et ses deux premiers coups d’ailes arrosent mon visage, encore baissé vers le liquide; en cette chaude journée, il me rafraîchit, tout en le voyant disparaître comme une flèche.

Les deux rencontres à venir sont avec la gent canine et un peu stressante lorsque l’on ne connaît pas nécessairement les réactions potentiellement dangereuses. La première survient en hiver, lors d’un retour de la pointe Yamachiche et ce , sur les glaces près des rives du lac St-Pierre, sous une neige floconneuse descendant du ciel. Marchant rapidement, je vois un coyote faire irruption du boisé que je longe et ne m’ayant pas encore repéré, il avance lentement dans la neige et moi, je m’arrête; mais dès qu’il m’aperçoit, il part à toute vitesse vers le large et s’immobilise : alors, j’avance, pour le voir repartir en courant vers l’eau du centre du lac. Je décide de l’ignorer tout en poursuivant ma route et ce fut la meilleure décision car, selon les dires d’un chasseur, en le suivant, ce coyote aurait pu se jeter à l’eau et risquer de se noyer.

La seconde rencontre est avec un chien errant tout noir, lequel avait été rencontré par un de mes voisins dans sa cour; il ne fut pas trop rassuré, de crainte qu’il soit atteint de la rage (le chien , pas mon ami!). C’est en me dirigeant à l’embouchure de la Petite rivière Yamachiche que je remarque à mi-chemin, en haut de la côte gauche et derrière les congères, une touffe de poils noirs ressemblant en tout point au dos d’un écureuil noir; sans hésiter, je grimpe pour immédiatement voir la tête du fameux chien errant, lequel dort. Je descends, sans faire de bruit, en continuant vers le lac et en cherchant un bâton pour me défendre au retour, ce qui n’a pas été nécessaire, heureusement.

Les deux expériences de jeunesse avec des animaux de ferme qui vont suivre

ci-dessous ne seront probablement plus vécues par les prochaines générations et c’est préférable, car ce n’est pas trop agréable. Les deux se passent lors de la chasse à la grenouille et la première mésaventure met en vedette un énorme bœuf avec un anneau dans le nez, lequel se trouve dans mon dos et lequel se rapproche de moi, beaucoup trop occupé à chercher une anoure dans les herbes de ce champ, près du lac St-Pierre; en me retournant, dès que je voie cet imposant bœuf qui a l’air bête, je fige, pour aussitôt partir en courant et sauter la clôture qui est à proximité, quitte pour une bonne frousse. Quant à l’autre rencontre mémorable et pas trop rassurante, c’est avec un gros verrat (un cochon mâle), lequel n’aime absolument pas que je soie près des truies et il commence à me poursuivre autour d’une pile de planches bien cordées, en grognant fortement; je réussis à le semer et à sortir au plus vite du champ : c’était le bon temps (1953)!

Que ce soit à pied, à la course, en embarcation, en vélo ou tout autre moyen de transport, lorsque l’on est dans la nature, à un moment ou l’autre, immanquablement, une situation inusitée va survenir et il faut être prêt à réagir et surtout, à agir rapidement afin d’éviter des ennuis, parfois très sérieux pouvant causer la mort, dans quelques cas extrêmes, malheureusement. Il suffit de se souvenir de morts tragiques dans les dernières années avec une malencontreuse rencontre avec un ours et ce, à chacune de ces occasions.