LES FLÉCHETTES JAUNES

 

À l’entrée du cours d’eau qui me ramène à la maison et ce, après ma période de travail aux filets de pêche, je surprends un bruant près de la rive, lequel va s’abriter dans les joncs; alors, je laisse glisser mon embarcation vers cette rive, afin de l’immobiliser et me permettre, si possible, de repérer ce bruant pour authentifier l’espèce. À peine accosté, debout à l’avant de la chaloupe, avec les yeux juste au-dessus de la végétation, je lève mes jumelles et je me concentre sur chaque brin d’herbe et chaque roseau, ce afin de retracer ce fuyard, mais ce n’est pas lui qui se présente dans mes loupes car c’est plutôt une Paruline jaune qui file à une vitesse vertigineuse et qui s’avance directement dans une de mes lentilles, suivie d’une autre (collée à elle) dans une poursuite amoureuse ou dans un jeu, et une chose est certaine : si elles ne s’élèvent pas, elles entrent toutes les deux en collision, soit avec les jumelles ou soit avec mon cou et je n’aurai jamais le temps de les esquiver, car c’est instantané et trop rapide comme situation.

Heureusement, en une fraction de seconde, elles réussissent, une par la gauche et l’autre par la droite, à monter au-dessus de ma tête. Je l’ai échappé belle, car ces deux fléchettes jaunes atteignaient parfaitement leur cible, celle-ci encore sous le choc! Un des moments les plus déstabilisants de mes nombreuses observations d’oiseaux. Cette situation a eu lieu au milieu des années 1990.

 

LE PLANEUR

 

Dans l’avant-midi d’une journée de juillet en 1996, je reviens d’une session normale de recensement d’oiseaux de rivage et je quitte les hautes herbes, situées près du rivage du lac St-Pierre; je m’apprête à traverser la rivière, à gué, ce pour rejoindre mon vélo. En me retournant, afin de jeter un dernier coup d’œil, de loin, je vois venir un Busard St-Martin qui s’avance vers moi dans son vol caractéristique, soit un planage de gauche à droite avec les ailes relevées, tout en cherchant une proie au sol.

Me trouvant encore à l’orée des herbages, je suis presque invisible pour lui, car j’ai les pieds plus bas, d’autant plus qu’il y a une dépression, et les brindilles de foin sont presque au niveau de ma tête; plus le rapace approche, plus il devient imposant dans mes jumelles et, à ma grande stupeur, il passe déjà au-dessus de mon occiput, soit près de la casquette. Il ne m’a jamais vu mais moi, oui, et jamais d’aussi près car, un peu plus, il empruntait ma casquette!

Très souvent, des oiseaux viennent à notre rencontre et nous donnent des sensations fortes, autant agréables qu’embarrassantes (comme les deux cas mentionnés plus haut) et j’aurai sûrement l’occasion de revenir sur ce sujet dans un prochain texte.